On a tous besoin de plus fou que soi

Tu es adorable. Je me rends compte que ça m’a manqué nos échanges. Mon fils de 5 ans a la même passion que toi, et tu veux l’encourager. C’est mimi. Mais ta proposition d’acheter le duplex et de me revendre un étage, humm, j’imagine…Déjà, tu veux un jardin pour planter des pelles. J’avoue, c’est une bonne idée, les queues de pelles c’est bien des vivaces?!! Tu as envie de défoncer des murs. On peut partir un side-line de déconstruction. Vivre dans le même immeuble, toi et moi, la lune noire et la lune bleue, à voir. La dérision est notre mode de communication. Nous partageons un côté noir, une douce folie, la musique et aussi le rythme, des éclats de rire et une difficulté à mettre fin à nos conversations. L’équilibre est dans le mouvement. En ce sens, ton instabilité fait de toi, à mes yeux, une personne très équilibrée. Oui, je sais, je me sens bien en compagnie de schizophrènes, alors ce n’est pas une référence. Curieusement, j’aurais tendance à te faire confiance. Ni l’un ni l’autre ne veux vivre en condos pour ne pas avoir à négocier avec d’autres propriétaires. Par contre, on ne voit pas de difficulté à négocier ensemble. Je sais, je prends ta proposition au sérieux. Je sais aussi que tu veux, tout comme moi, acheter depuis longtemps. Ce n’est pas si fou comme idée. L’achat d’une propriété c’est pire qu’un mariage comme engagement. Tu sais que j’ai essayé et réussi bien des choses dans ma vie, sauf la vie de couple. Je suis une catastrophe en couple. Je me demande sérieusement comment un fou de l’ombre et une hystérique compulsive vont cohabiter dans un même immeuble, séparés d’un simple plancher, partageant un jardin où poussent pelles et lavande, branchés sur la même connection Internet, sur le même beat, dans des univers parallèles. Entre tous les voisins possibles, je crois que je pourrais te choisir aisément, et même t’empoisonner avec ma cuisine expérimentale si tu te déplaces pour mettre mon ordi en ordre, histoire de nous rendre aussi accrocs que toi du monde des magiciens et des elfes. Toute idée, aussi farfelue soit elle, laisse mon imagination vagabonder. Entre temps, j’ai bien hâte de trasher un coup cet été. Oui, j’y serais, sans faute. Je veux bien essayer de vivre un délire à la fois. Communication rétablie, allo la lune, ici le fond du tiroir à gauche, prête pour un no where …