Lui


Je ne veux pas y aller, mon ami n’y est pas et quand je tombe ça fait mal.
Avec de la pratique, tu tomberas moins et puis samedi prochain tu feras le cours dans le groupe de tes amis.
On prend l’autobus ?
Pourquoi ?
Pour arriver en retard, moins de temps pour patiner.
Ok, mais une fois sur la glace, tu essayes pour vrai.
Dac

Mais qu’est ce qu’il peut bien raconter. Il est trop mignon avec ses petits pas de débutants dans ce cours de patinage de vitesse intermédiaire. La semaine dernière, à son premier cours, il m’a dit que la prochaine fois il serait prêt pour faire la course. Il a dû tomber au moins 200 fois. A chaque fois il s’est relevé et a recommencé. J’ai l’impression de revivre ses premiers pas. Il est tellement volontaire. Je me souviens, il tombait et recommençait sans cesse, jusqu’à ce qu’il puisse se tenir debout seul. Ensuite il rampait jusqu’au chien, le pinçait et quand le chien décidait de fuir, il s’accrochait à son poil pour faire quelques pas avec lui. Il a appris à marcher avec persévérance et acharnement. Maintenant il tente de patiner. On lui demande de traverser la patinoire avec en poussant un énorme coussin. Les autres prennent quelques secondes pour le faire. Depuis 15 min il pousse, tire, tombe, se relève et avance, refusant l’aide proposée. La semaine dernière, il était couvert de bleus et ravi de ses progrès entre le début et la fin du cours. Le cours va finir, il me regarde du coin de l’œil et est en grande conversation avec la prof. Il file recouvrir ses lames. Elle se dirige vers moi.

Il devrait suivre le cours le samedi. C’est le niveau débutant.
Oui, mais une fin de semaine sur deux, son père ne l’accompagnera pas.
Je sais, c’est comme pour le soccer, il m’a raconté. Et il a peur de se décourager.
Tu me proposes une solution.
Oui, patines avec lui entre les deux samedi.
Je ne sais pas patiner.
Et bien c’est réglé, samedi prochain on t’apprend.
Tu es sérieuse ?!!
Oui, je te prête l’équipement.
Bon, je vais faire une folle de moi, mais j’ai l’habitude. Ok pour samedi.

C’est donc ça qu’il manigançait. En résumé, je vais faire du patinage de vitesse avec lui, la natation en même temps, la capoiera en même temps. Ouf, moi qui voulais retrouver la forme, c’est bien parti.

Je n’en reviens pas, il a vraiment des aptitudes pour la gestion de conflits et trouver des solutions. Il explore les possibilités, trouve des alliés, expose sa vision des faits et propose des pistes de résolutions. Il connaît bien les limites et navigue en eaux agitées et calmes sans difficulté. Son père n’a pas d’habilite parentale et je suis rassurée de voir mon petit bout d’homme négocier avec brio et arriver à ses fins. Bien qu’il soit timide avec les adultes, il communique adéquatement quand c’est nécessaire. Il a une logique implacable et un sens de l’humour cynique à souhait, héritage d’une longue tradition familiale. Depuis tout petit, je me suis positionnée comme un guide. Je pose des limites, encadre. Essentiellement, je m’efforce de lui donner l’envie d’apprendre et le plaisir de découvrir. Apprendre quoi, découvrir comment, ça lui appartient. Je l’initie à des sports selon ses goûts et ses aptitudes. Je lui facilite l’accès aux arts, sous toutes leurs formes. Mais je dois avouer, c’est lui qui m’apprend le plus. Il a un regard critique, toujours curieux, très enthousiaste et avide de connaissances. Je suis fière de lui, évidemment. Je crois que je ne pouvais pas choisir une meilleure personnalité pour un être qui est au centre de mon univers.

De mon côté, j’ai tendance à être blasée. Le politiquement correct m’emmerde. J’ai l’impression de vivre dans une société monochrome. Les gens se ressemblent, c’en est effrayant et lassant. Chaque fois qu’une personne sort du moule pseudo-intello-margino-politicocorrect-écolo-egodébordant-lookdébraillétudié ça devient un sujet de discussion. J’en reviens pas du nombre de gens, qui comme moi, on du temps à perdre. C’est tellement In se penser Out, j’en perds mon cynisme.

Alors oui, mon fils me secoue les méninges, il me sort de ma torpeur, me recentre sur ce qui est crucial. J’en profite et je suis si agréablement surprise de constater que sa joie de vivre est contagieuse. Je l’aime, pour qui il est, et le plus beau c’est que c’est mon fils, mon mien comme il dit. Alors, allez, une bonne dose de tolérance, un grain de sel, un regard d’enfant et les adultes, avec leurs préoccupations, arrivent à m’amuser. Je suis terriblement heureuse, ça en est indécent. J’évite le fusionnel, je le regarde grandir et je rentre dans la danse quand je suis invitée par la raison et ou le sourire en coin. Et petit à petit, je grandis aussi. Bientôt, je vais avoir mal à des muscles dont j’ignorais l’existence, continuer de me taper des fous rires sans fin, et peut être qu’à la fin de l’hiver nous saurons patiner et faire des mouvements de capoiera dans l’herbe. Oui, oui, météo média annonce le retour de l’herbe un jour…En attendant vive l’hiver, la neige sale et le rire des enfants.

2 Comments:

At dimanche, février 12, 2006, Anonymous Anonyme said...

Sourire, je crois que les enfants servent à cela, ne pas s'encrouter dans une vie toute tracée, suivre des traces sans limites et réinventer sa vie.
Tu viens Yza, on va plonger avec les baleines, sous la glace des Laurentides, et on suivra l'esprit de ton fils dans les volutes d'eau chaude.

 
At lundi, février 27, 2006, Blogger Yza said...

Loupiot, tes propositions me font toujours rêver :)

 

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