bouffer le voisin ou chez les voisins ...


A côté de chez moi vivent un groupe de punks en communauté. Ils ont pris l’habitude de me saluer. Il faut dire que je les trouve adorables. Après avoir déposé mon fils à l’école, j’ai accepté de boire un café chez eux. Je discute avec deux ou trois. Les autres me sourient quand on se croise. Ils ont trouvés un vieux barbecue abandonné sur le bord d’une route et font leur souper sur le trottoir, en face de leur appartement. L’autre jour, nous revenions chez nous, mon fils et moi et ils nous ont invités à souper. L’idée de manger de la viande sur barbecue en plein milieu de la rue nous a séduite.
C’est pas du rat j’espere? Parce que le rat je ne le mange que bouilli en fondue mogolienne (il paraît que c’est plus digeste et plus savoureux ainsi, hein les grigs)
Non non, c’est de la viande
C’est gentil de nous inviter. Mais si mon fils tombe malade, demain c’est tes trippes qu’on fera cuire.
Le cuisinier sourit, un peu angoisé quand même.
C’est super bon, on rigole et on se raconte des légendes urbaines. Miss punkette look sale étudié se joint à nous. Elle est toute mignonne. Nouvelle dans le groupe, elle essaye de participer à la discusion. La musique est forte. Et pourtant, dans ce brouhaha, un petit son se fait entendre, une sonnerie. Punkette arrête de se plaindre du manque de générosité des automobilistes face aux squeedges et extirpe un joli petit cellulaire de sa poche de blouson de cuir.
Oui, oui, ha, ha, je te rappelle ce soir.
Dis
Oui
Tu connais le numéro du dépanneur du coin?
Pourquoi?
Tu es la généreuse élue pour la prochaine tournée de biere. C’est ça le coût de la technologie.
Elle me compose le numéro, commande une caisse de bieres, livraison sur le trottoir, ferme son cellulaire et sa jolie bouche.
Et moi, vieille peste, je suis nostalgique de l’époque où je parcourrais l’Europe de squatt en squatt, avec d’autres marginaux politisés, décidés à changer notre environnement et à ne pas se conformer à des idées qui ne nous ressemblaient pas. Nous portions des bottes d’armées parce qu’elles étaient données gratuitement une fois par an par le DHSS et nous n’accordions pas plus d’importance qu’il n’en faut à nos vêtements, certainement moins qu’à nos actions. Ceux qui ne sont pas morts, ont continué d’œuvrer dans des organismes ou sur des projets propulsants leurs idées. Ca m’attriste de voir que des charmants comme punkette n’ont repris que le look, comme une carapace vide. Finalement, ils se fondent dans la masse et portent un uniforme, clouté, cuir et peinture, mais quand même un uniforme. Je ne crois pas être victime du symptôme de la belle époque. Je trouve qu’on prends trop facilement pour acquis le résultat des combats des autres, sans se poser de question, comme un dû. Du féminisme, au combat social, à l’accés à l’éducation ou autre, on oublie ce qui a été obtenu. Mes voisins mimis tout plein veulent des sous mais pas de travail, des concerts mais pas de prix d’entrée, s’habiller comme ils veulent et continuer à pisser sur les murs exterieurs de chez eux ( d’ailleurs mon fils aussi a pris cette mauvaise habitude de marquer son territoire sur le mur des voisins, une envie de faire comme les grands peut être…). Dans le fond, ils ont envie de rester des adolescents quelques années de plus, et je les comprends. Ils me rapellent mon étonnement, d’un pays francophonne ( ou anglophonne ) à l’autre, les gens parlent la même langue mais n’ont pas la même mentalité, le même système de valeurs ou la même façon de réagir face à une situation donnée. Et bien ces sympatiques énergumènes ont un look que je connais, que j’ai partagé mais ils ne véhiculent pas les même idées. Bon, ok, je sais je généralise mais je parle de mes voisins et en plus je m’autorise à débiter les conneries qui me plaisent sur mon blog. Moi aussi, je change. Il y a quelques années, j’aurrais été plus intolérante et je les aurrais probablement traités de clowns. Aujourd’hui, je soupe avec eux et je n’écarte même pas l’idée d’un bouffer un. Dans le fond, nous avons en commun le sens de la fête et l’envie de célebrer l’Halloween à l’année longue. Je me demande bien quel genre d’ado mon fils va être, mais là il me reste encore quelques années avant de le découvrir. Il est passé de Rap boy à Yo Man. Il trouve nos voisins laids avec les cheveux hérissés et seule moi est belle en rouge, je l’aime cet enfant ! Je suis urbaine et j’aime la diversité. Après tout, c’est pas désagréables ces touches de couleurs souriantes dans la blancheur (grise , ok) de la neige. Alors d’un point de vue esthétique, j’apprécie le résultats d’heures de travail pour obtenir ce look , même si ce n’est que ça qu’ils ont à revendiquer. A toutes mes fraises, kiwis, punkettes et autres mignons détritus de couleurs je lève mon verre. Merci de le remplir :)

Tattoos

Je suis fascinée par les tatouages. Le pluriel est important. J’adore la quantité, un corps recouvert d’encre. Je ne m’attarde pas à leur signification, sachant que comme la couverture d’un livre, seul le décodage du contenu donne une impression de compréhension. Je connais trois hommes qui portent mon prénom sur leur corps ou un symbole me représentant, traces d’amours déchus, cicatrices de vie. L’expression je t’ai dans la peau prend une autre forme. Ce besoin d’exterioriser, d’affirmer et d’ancrer dans le futur ses émotions présentes me touche. Je ne comprends pas, j’observe et j’aime. J’ai déjà partager ma vie avec un tatoueur, mais avant j’ai adoré et aimé son corps. Beaucoup de sociétés ont des rites d’initiation, de passage. Le tatouage s’inscrit dans une cérémonie et célèbre l’entrée au sein d’un groupe, d’une tribu, d’un clan ou d’une étape de la vie. Les maoris portent le Moko, tatouage du visage, signe d’appartenance à un clan. Le tatouage est aussi associé à l’esclavagisme. Mais pour moi, c’est une appropriation du corps, de son corps. Alors pourquoi j’en ai aucun? Je crois que j’aime m’approprier le corps des autres, un relant d’esclavagisme dans un élan d’abandon de soi peau et âme, une envie d’unicité à peine dissimulée. Le temps altère les souvenirs. Un parfum, la douceur d’une autre peau, une image et hop, par magie, le moment perdu frappe à la porte de ma mémoire. Vous oublier m’attriste, même si souvent vos passages sont brefs et sans grande influence sur le déroulement de ma vie. J’aime collectionner les instants de plaisirs. Toute non verbale que je suis, le tatouage s’exhibe sur les pages de mon livre, autant d’images pour illustrer les non-dits. Mais son côté personnel, intime m’intrigue, me pousse à vouloir vous découvrir, nu et dévoilé. Et pourtant, je desteste l’expression de croyance religieuse, politique, orientation sexuelle ou autre, sur un bijou, un vêtement, un auto-collant sur sa voiture, ou le collier de son chien. Seuls les morceaux de votre histoire attisent ma curiosité. J’aime les individus qui ne regrettent pas leurs tatouages, ceux qui ont su choisir hier l’expression qui est encore vibrante dans leur vie aujourd’hui. Mais oui, l’encre s’efface avec le temps, mais oui, la chirurgie permet d’effacer l’action. Je crois que notre personnalité et nos valeurs s’inscrivent tôt dans notre vie. Il me semble logique d’avoir une continuité à travers les années. Savoir se connaître tôt et reconnaître ce qui compte pour nous, sont des qualités que j’attribue, peut être à tord, aux tatoués. Tout ceci dit, il faut bien l’admettre, mon attraction pour les tatouages est instinctive, incontrôlable et incontournable. Alors je vais arrêter de la justifier et en jouir, heureuse que d’autres la partagent, comblée que vous l’affichiez. D’autres images vont se déposer dans mes yeux, sur votre peau, pour un semblant d’éternité, avec douleur, détermination et plaisir.
Encore …